Les canaux de Venise

La fin du langage - les LLM ne comprennent rien - la start-up la plus rentable de ces dernières années et une surprise pour être sûrs de bien commencer l'été 🔥

Tech Trash
5 min ⋅ 26/06/2025

TOUT D’ABORD…

Salut tout le monde ! 

À tous ceux qui craignent l’effondrement linguistique de l’humanité : mauvaise nouvelle… Mais bon, pas grave, on vous a quand même concocté trois news de feu (parce qu’on vous aime). Let’s go !

  1. Do you speak ChatGPT ? Selon une étude du Max Planck Institute relayée il y a quelques jours par The Verge, depuis que ChatGPT s’est immiscé dans nos vies et que bon nombre d’entre nous se servent de ce magnifique assistant pour corriger leurs mails (et bien plus), notre langage parlé a également évolué. Forcément, si ce que nous écrivons et donc lisons est rédigé (même en partie infime) par un chatbot, notre usage de la langue change : l’IA ne corrige pas simplement nos fautes, elle reprogramme notre vocabulaire et notre « turn of voice » : plus propre, plus lisse… plus boring ? Moins humain, en tout cas. Dans la langue anglaise, des mots comme « delve », « meticulous » et « realm » sont sortis d’un coup d’un seul de l’obsolescence (pas forcément pour les bonnes raisons d’ailleurs). Évidemment, c’est parfait pour ceux d’entre-nous qui n’arrivaient pas à aligner une phrase sans faire de faute d’accord (et il y en a) – mais par contre, les grands perdants dans l’histoire, ce sont nos petits tics de langage, les approximations, toutes ces petites maladresses qui nous rendent… humains. Pire, vu qu’on pense avec la langue (coucou Saussure), si cette dernière est de plus en plus standardisée, le risque est que la pensée le devienne également… Allez, remettez-vous à votre LV2 et forcez-vous à prendre des décisions dans la langue en question !

  2. Alphas vs IA : 1-0. Les IA ne comprennent rien aux jeunes adultes (les zoomers). Et encore moins ceux nés après l’iPhone (les Alphas). Un travail de recherche relayé par 404media a démontré que même les modèles d’IA les plus avancés ne comprenaient rien à des expressions très en vogue chez les ados (sur TikTok notamment) comme « let him cook », « ate that up », « sigma », « secure the bag », ou encore le très pépite « skibidi toilet ». Vous êtes paumés ? Pas d’inquiétude : GPT-4, Claude, Gemini ou Llama 3 le sont également. Dans le cadre de la recherche, une jeune collégienne en 9th grade (l’équivalent à notre troisième) a constitué un corpus d’expressions dont la majorité devrait vous sembler peu ou prou incompréhensible (bon, en même temps ces mots sont tous en anglais). Résultat : les ados comprennent tout à 98%, les parents plafonnent à 68% et… les IA sont à la traîne ! Seul problème à l’horizon : plus encore que pour la création de contenu, la modération se fait désormais quasi exclusivement via l’IA. Et si cette « modératrice » n’y comprend rien, elle ne va pas pouvoir modérer grand-chose !  

  3. Vous ne le savez peut-être pas, mais la plateforme la plus rentable de ces dernières années est en vente ! Il s’agit de… OnlyFans, une boîte qui a réussi même là où Meta, Alphabet et même Pornhub se sont cassés les dents : faire payer les gens pour du contenu sur Internet. Et du contenu très NSFW. The Economist décrypte le fonctionnement de l’entreprise au CA de 8 milliards de dollars et au modèle d’affaires ultra simple. 300 millions de « fans » (donateurs / consommateurs), 4 millions de « créateurs » et un deal très clair : 80% des bénéfices pour le créateur, et 20% pour la plateforme (qui a craqué le milliard en 2024). Contrairement à d’autres, OnlyFans se targue de ne pas monétiser les données personnelles de ses utilisateurs, tout en insistant sur son tunnel d’inscription ultra sécurisé : scan facial, ID vérifié, refus de 2/3 des nouvelles demandes… Pas d’anonymat, pas d’algo qui pousse des contenus, pas d’illusions ? Certes, c’est probablement l’un des rares endroits sur Internet où monétiser son corps rapporte plus que monétiser ses données. Mais est-ce vraiment une bonne chose pour autant ?

  4. (Bonus) Mots croisés, mots fléchés, bataille navale, rébus, coloriages en tous genres et bien plus… Cet été, si vous avez envie de vous amuser et de passer le temps (vous allez voir, les vacances c’est vite ennuyeux si vous n’avez rien à faire) avec une flopée de jeux absurdes et délirants, jetez-vous sans attendre sur le grand Cahier de Vacances édité par Climax, disponible dès maintenant en précommande, dans le cadre de la sortie du nouveau numéro sobrement intitulé « Ambiance Scandale ». Allez hop, c’est par ICI !

    (Pour rappel, Climax est la petite soeur de Tech Trash en version trimestriel papier de 132 pages).


AU MOINS UN TRUC INTÉRESSANT

La base de données anti-LAPD

Vous êtes probablement déjà allé manifester un jour dans votre vie (qui sait, peut-être contre les retraites – en 1995, 2003, 2010, 2019 ou 2023, y a le choix). À ce moment-là, rien de plus énervant d’avoir été pris à parti (parfois de façon très cordiale, mais pas toujours) par un agent de la force publique sans avoir pu relever son numéro de matricule (alors que c’est désormais obligatoire). Aux États-Unis, c’est évidemment encore une autre paire de manches, raison pour laquelle l’artiste et hacker civique américain Kyle McDonald s’est fait un malin plaisir à piéger les policiers qui jouent à cache-cache avec leur badge, avec un site qui ne cache quant à lui pas ses intentions : fucklapd.com. Carrément. 

Le principe est simple : il suffit de prendre en photo le mystérieux policier qui veut cacher son identité. Vous uploadez l’image en question et le nom de l’agent apparaît comme par magie (l’outil scanne les 9000 photos de sa base). Si certains iront questionner le projet de McDonald (et, évidemment, la protection des données des personnes concernées), force est de constater que son « miroir dystopique » est un formidable outil de contrepouvoir au « surveillance state ». Et qu’il a été conçu dans les règles de l’art : le matching se fait en direct, en local sur votre bécane et en quelques secondes, vous pourrez retrouver le nom et le matricule du policier. L’argument principal de Kyle étant assez clair : « On a le droit de savoir qui nous tire dessus dans la gueule, badge caché ou pas. » Pas complètement faux.


ET POUR FINIR… LE BON PLAN (SPONSO) DE LA SEMAINE

Et si on mettait l’IA sur pause ? 

C’est ce qu’a imaginé CANAL+ et le collectif Obvious avec une installation inédite à la croisée de l’art et des sciences cognitives. Leur question : que retient une machine lorsqu’on l’expose à des heures de récits humains ?

Pendant un mois, une IA représentée par un robot a visionné des films, séries et documentaires CANAL+, dans une expérience immersive pensée comme un stress test émotionnel pour l’algorithme.

Et les résultats sont fascinants : si l’IA sait identifier les émotions avec précision, elle reste fondamentalement incapable de les vivre. 

En clair, à l’heure où les machines génèrent des images, des textes et bientôt des récits, cette installation rappelle une chose essentielle : la création authentique reste ancrée dans l’expérience humaine

Pour en savoir plus sur cette expérience, ça se passe par ici.




Allez, bisous !Allez, bisous !

Merci d'avoir perdu 5 min.

Tech Trash revient dans quelques jours (on l’espère pour vous !).

Allez hop, on partage (sur LinkedIn) #ByebyeTwitter #BisousElon

Bonus : Dites bonjour au « big surveillance state » – Dans lequel tout le monde doit porter un bracelet connecté pour surveiller sa santé, eh oui – Et le Trump Phone ne serait plus… américain ? – Un meme sur JD Vance peut désormais vous priver d’accès aux États-Unis – Pendant que Bernie Sanders milite pour la semaine de 4 jours – Ça ne sert officiellement plus à rien d’apprendre à coder – L’industrie musicale a décidé de ne pas concurrencer l’IA, mais de se faire du pognon dessus – Le « hetero awesome fest », événement produit en réponse à la Pride, est un énorme flopElon Musk n’utiliserait pas d’ordi – Un peu comme Jack Dorsey ? – Alors (on a failli oublier), un petit tour à Venise ce week-end (ou pas) ? – Dans ce cas, n’oubliez pas de signer votre NDA – La suite… ce week-end !


Nota Bene : vous avez peut-être remarqué que nous avons changé de plateforme d’envoi (big up à Kessel Media). Si jamais vous recevez ce mail alors que vous vous étiez déjà désincrit·e il y a quelque temps, si vous le recevez en double, si vous avez l’impression de ne plus recevoir Tech Trash, ou encore que votre newsletter favorite arrive désormais dans les spams, n’hésitez pas un instant : écrivez-nous à hello@techtrash.fr. On répond à tout le monde (même si ça peut mettre quelques jours), requêtes, questions, mots d’amour… promis 😘

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