Yann Le Cun et les modèles de monde – les AI vegan – les bus connectés et plein d'autres news croustis pour bien finir la semaine…
TOUT D’ABORD…
Salut tout le monde,
Alors, tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas de panique : selon Elon, le duo Optimus + Grok va éliminer la pauvreté. Paf ! Ensuite, il ne restera plus qu’à taxer tout ça, en commençant par une éventuelle « slop tax », peut-être ? En attendant l’utopie fiscale robotisée, voici quelques news pour finir le week-end en beauté. C’est parti !
1/ Sommes-nous à la fin d’un cycle avec les LLM ? C’est ce qu’affirme tout de go Yann Le Cun, figure historique de l’IA, chez Meta depuis douze ans, qui vient de claquer sa dem’ vu qu’il est convaincu que la majorité des leaders actuels de l’IA (dont son futur ex-employeur, qui balance des milliards dans Llama pour rattraper ChatGPT) sont en train de se planter et qu’ils font fausse route avec les LLM, qu’il considère être un « cul-de-sac technologique ». À ses yeux, ces modèles ne seront jamais plus intelligents que des « chats de gouttière » et il faut d’urgence se concentrer sur un autre modèle d’apprentissage : celui des world models. L’idée n’est donc plus de nourrir l’IA avec des montagnes de texte, mais de simuler des environnements de mondes virtuels équivalents (en termes de complexité) au monde réel. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’idée n’est pas neuve : elle date très probablement de 1943, aux prémices des réflexions sur l’IA, quand le psychologue écossais Kenneth Craig a théorisé le fait qu’un organisme intelligent devait se faire une maquette mentale du monde pour pouvoir s’y mouvoir, le comprendre – par exemple comme quand nous évitons de façon intuitive de nous faire écraser par une voiture en traversant la rue. Bon, il semblerait que Le Cun ne soit pas non plus seul sur le coup : Google développe un modèle de monde avec Genie 3 et Nvidia redouble d’efforts avec Omniverse (et voit dans le développement des world models un marché potentiel équivalent à… 100 000 milliards de dollars). Le but avoué étant de créer « une intelligence capable de comprendre et d'opérer dans le monde physique ». Serait-ce là LE coup de boost salvateur pour une industrie dont les produits actuels (les agents conversationnels) sont de plus en plus critiqués ?
2/ Justement, pendant que les géants de la tech jouent au poker avec leurs milliards, les anti-IA sont en train de gagner du terrain. Alors que la communauté Reddit de même nom dépasse désormais les 70 000 membres, voici venue la vague des « AI vegans », une flopée d’ex-aficionados de l’IA qui ont décidé de dire non à ChatGPT, Midjourney, Perplexity et consorts. Motifs invoqués ? À peu près tout ce que l’on sait déjà (mais qu’on a tendance à mettre sous le tapis) : exploitation des terres rares pour fabriquer les terminaux, travailleurs du clic sous-payés (les fameux « AI raters », qui, eux aussi, ne sont pas super enthousiastes quant à la démocratisation de l’IA telle qu’on la connaît), empreinte carbone massive, utilisation (pillage ?) de millions d’œuvres et productions humaines pour entraîner les modèles, sans parler d’une dépendance cognitive qui rendrait tout le monde… de plus en plus bête. Derrière une posture qui peut paraître idéologique se cachent pourtant des arguments solides : une récente étude du MIT Media Lab démontre que celles et ceux d’entre nous qui délèguent désormais la plupart de leurs travaux d’écriture (mails, présentations, notes…) retiennent moins et comprennent moins bien que les autres. L’empreinte environnementale fait également partie des raisons principales qui poussent certains à arrêter d’utiliser l’IA, comme l’explique une jeune femme interrogée par Euronews : « Je ne vais pas brûler sept arbres et sept litres d’eau pour réécrire un mail ». Alors, mouvement de niche ultra-radical ou avant-garde d’une tendance qui va se populariser ?
3/ Ambiance techno-thriller en Norvège : des tests ont révélé que les bus électriques chinois Yutong (déjà largement déployés en Europe) pouvaient être éteints à distance par le constructeur. Selon l’opérateur public norvégien Ruter, les bus en question disposent d’un accès numérique complet pour des mises à jour et des diagnostics, alors que ce n’est pas le cas pour d’autres bus testés (notamment ceux d’une entreprise hollandaise). Officiellement, Yutong jure que tout est chiffré, stocké en Allemagne, et utilisé uniquement pour la maintenance. Officieusement, les Norvégiens parlent désormais d’un « risque concret » : si une entreprise peut accéder au système batterie/énergie via le réseau mobile, alors oui, un bus peut être stoppé (volontairement ou pas)… Rappelons néanmoins que le problème n’a rien à voir avec le pays constructeur (la Chine dans ce cas), mais qu’il s’agit d’un souci généralisé à tous les véhicules bardés d’électronique connectée. La même chose était notamment arrivée à Tesla, dont un modèle S s’était fait contrôler à distance il y a quasiment 10 ans déjà. Et après la Norvège et le Danemark, le Royaume-Uni se demande également si ses bus électriques (Yutong, toujours) ne seraient pas… à portée de télécommande.
L’INNOVATION INUTILE DE LA SEMAINE
Si vous aussi, vous êtes un scroller patenté, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène du moment : le « AI Smart Pen », une sorte de baguette magique supposée savoir lire une question sur une feuille et cracher la réponse dans la foulée. Spoiler : c’est une arnaque ! C’est en tout cas ce que nous explique un journaliste de The Verge qui a testé le fameux stylo magique (à partir de 40 euros sur Amazon). La promesse est tout simplement trop belle pour être vraie : des réponses instantanées à TOUTES vos questions concernant la géographie, l’histoire, les maths, 60 langues, sans oublier la caméra intégrée et la possibilité d’écouter de la musique !
Malheureusement (ou pas ?), ce couteau suisse de la triche est une énorme carotte, vu qu’il scanne un mot sur deux, qu’il confond les langues et qu’il répond n’importe quoi aux questions qu’on lui soumet. En plus de ça, l’objet fait la taille d’une télécommande des années 90 : impossible de l’utiliser en toute discrétion. La bonne nouvelle, c’est peut-être que nos chers étudiants vont devoir continuer à apprendre – même si d’autres méthodes de triche, bien plus efficaces, se démocratisent, comme le fait de faire une photo de l’exercice et de l’envoyer en soum-soum à ChatGPT… Pas si grave que ça, peut-être ?
ET POUR FINIR… LE BON PLAN (SPONSO) DE LA SEMAINE
C’est un peu comme relancer un ordi sans batterie : impossible d’aller bien loin.
Bonne nouvelle ! La France a un atout que tout le monde nous envie : une électricité abondante, compétitive et bas carbone.
Avec EDF, les entreprises électrifient leurs process, modernisent leurs sites et réduisent leur dépendance au gaz venu d’ailleurs.
Pas de miracle, juste du concret : des fours électriques qui remplacent le gaz, des data centers qui tournent au courant bas carbone, des solutions pensées pour durer.
Parce que la souveraineté énergétique, ce n’est pas un concept – c’est ce qui permet de continuer à produire ici, de façon responsable.
Pour comprendre comment EDF accompagne les entreprises dans leur électrification, c’est par ici.
Allez, bisous !
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(On espère que vous êtes contents).
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Bonus : Vous vous rappelez de cette horrible fresque de Noël générée par IA ? Bonne nouvelle : elle va être démontée – Tandis que Grok est toujours en roue libre – Tellement qu’une enquête a été ouverte – Sur LinkedIn, on trouve désormais des offres d’emploi pour traquer les migrants – Des nouvelles de la bulle - Youpi, Jean Jacques Bourdin lance son Tipeee – Dites bonjour au « ChatGpt for teachers » – Trump, fasciste ? Bah, ça n’a pas l’air de le contrarier qu’on dise ça – Comment Jeffrey Epstein s’est servi du SEO pour nettoyer sa présence en ligne – Tandis que Larry Summers démissionne d’Open AI suite aux révélations sur ses liens avec… Epstein justement – Vous faites quoi demain matin ? On sera aux Masterclass de l’IA responsable – Les 1 & 2 décembre, on sera au Tech Rocks Summit – Et le 9 décembre, on sera sur scène à GenerationAI (plus d’infos prochainement) – Et pendant ce temps, Charli XCX débarque sur Substack – La suite… la semaine prochaine !
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